RENCONTRE avec Séverine et Luc, les deux enseignants de l’Antenne Scolaire Mobile — Centre Scolaire Saint-Marc

RENCONTRE avec Séverine et Luc, les deux enseignants de l’Antenne Scolaire Mobile

Découvrez le métier, le quotidien et ce qui anime les deux enseignants de l'Ecole du Sacré Coeur à partir chaque matin sur un site différent, enseigner auprès des enfants des gens du voyage, allophones et refugiés - A bord de leurs camions-écoles...

Pour vous, que permet l’antenne scolaire mobile appelé aussi « camion-école » ?

Séverine : Dédramatiser l’école et ses attentes, créer un premier lien de confiance entre l’école et les familles.

D’accrocher et/ou de raccrocher certains élèves et leur famille à l’école d’une manière qui vienne à eux sans avoir l’environnement et le poids de la société qui leur rappellent leur précarité, leur souffrance générationnelle, leurs traumatismes…

Luc : Le camion école permet d’aller vers des enfants-élèves qui sont encore éloignés de l’école, afin de les amener à l’apprentissage, et à  faire de belles rencontres.

 

Qu’apportez-vous aux élèves que vous rencontrez ?

S : En premier lieu, nous apportons le « droit commun ».

Le droit commun s’applique en tous points à tous les élèves : le droit à la scolarisation et à une scolarité dans les mêmes conditions que tous les élèves quelles que soient la durée et les modalités du stationnement et de l’habitat. »

 

L :     Aux différents élèves, allophones réfugiés en habitat précaire on propose un temps au chaud, avec différents outils, jeux, activités qui les changent un peu du quotidien, avec la même envie que les autres.

Aux gens du voyage, on apporte une certaine « continuité » dans les prises en charge d’enseignement ; des moments « à eux avec le prof » et un soutien, de l’encouragement, des discussions sur l’après...

S : je dirais que nous apportons aussi « Le sentiment de compétence » dans un milieu éloigné de leur quotidien, en leur proposant rapidement des activités d’apprentissages juste à leur niveau de compétence pour les développer davantage un petit peu à chaque fois.

Et puis, le partage de culture et de connaissance, c’est un échange réciproque avant tout. L’idée que l’on s’apporte l'un à l’autre est importante à mes yeux car je tiens à leur faire prendre conscience qu’ils détiennent des choses qui me sont inconnues et inversement.

L : Dans le cas où les enfants sont inscrits à l’école, il est possible avec une convention de poursuivre l’accompagnement dans les murs de l’école durant quelques séances afin de faire le relais de manière progressive et c’est ainsi que la « passerelle » de l’Antenne Scolaire Mobile prend alors tout son sens.

Quel est votre quotidien ? 

L : Par semaine, on peut se déplacer, seul ou à deux, jusque sur 6 sites.

Notre quotidien peut être défini mais sujet à des aléas que l’on ne maitrise pas toujours. On se déplace sur les lieux de vie pour y être à 9h30. Selon l’intervention de l’après-midi, on mange rapidement et on se rend sur un 2e site.

 

S : notre quotidien se partage entre le lien créé avec les élèves et les temps d’apprentissage dans le camion, les temps d’apprivoisement puis de relation continue avec les familles. Cela comprend aussi la gestion des appels téléphoniques et des messages laissés, y répondre dans les temps opportuns pour rassurer, expliciter, rappeler, rechercher…

Il y a aussi la recherche d’adresses plus ou moins précises transmises par nos partenaires ou les familles elles-mêmes et les kilomètres parcourus dans toute la région lyonnaise sans négliger les embouteillages de début et fin de journée.

On tente de faire tenir tout cela dans la journée en dépassant un peu tout de même…

Comment vous partagez vous le travail ?

: Nous sommes en coordination le lundi matin (par mail, tél), gestion des familles, dossiers cned , résolution des problématiques et médiation avec les partenaires.

Le planning de la semaine à venir est vu ensemble le jeudi au collège et l’anticipation de nos déplacements, prévenir les familles et s’organiser.

S : Je dirais que c’est un travail de coopération car nous travaillons ensemble, nous agissons tous les 2 à une action commune : informer et rapprocher les familles du lieu qu’est l’école afin d’encourager une scolarisation de tous les enfants.

 

Depuis quand travaillez-vous au camion-école ?

L : En poste depuis 3 ans

Je commençais à « tourner en rond » danse ma classe. Et vu mon âge et expérience, changer pour changer, autant que cela en vaille la peine ! Et je m’étais déjà intéressé à cette mission particulière d’enseignant en camion-école.

S : Je travaille en Antenne Scolaire Mobile depuis Septembre 2022.

Avant cela, j’ai enseigné 9 ans en classe dite ordinaire en Guyane Française, puis j’ai intégré le diocèse de Lyon en 2015 avec un dispositif ULIS École durant 4 ans, en parallèle, j’ai préparé et obtenu le CAPPEI.

Puis, j’ai poursuivi durant 3 ans sur un Dispositif d’Aide Spécialisée pour les Elèves en Difficultés (DASED) jusqu’en août 2022.

LES ELEVES DU LYCEE ST MARC et les jeunes services civiques en plein tri de cadeaux pour les enfants

 

Une anecdote d’apprentissage ?

Luc : Un jeune circassien (forain) de 13 ans vient un matin de Septembre avec sa mère car il veut apprendre à lire et à écrire, comme ses cousins.

« je ne fais pas de miracle mais on va voir ce qu’on peut faire ! »

On fait connaissance et je commence avec la méthode KIKO (pensée et crée pour les gens du voyage il y a environ 20 ans). Contre toute attente, j’ai revu ce jeune une fois dans l’année. Et il maitrisait assez bien la lecture et l’écriture. Très fier de lui (mais pas facile tous les jours !!!). J’ai été invité à une séance de cirque en juin. 

Le futur-camion-école?

Pour la création de nouveau camion-école, Luc est en lien fréquent avec le fabricant pour adapter au mieux les plans avec la réalité de leur quotidien.

Nos deux enseignants de l’Ecole du Sacré cœur - détachés pour l’Antenne scolaire Mobile -attendent vivement le nouveau camion-Ecole pour qu’ils puissent à nouveau travailler dans de bonnes conditions - ils sont souvent à l'étroit dans le seul camion qui marche - et participer ainsi à la nécessité de droit à la scolarisation de tous les enfants.